C’est quoi, être fraternel ? Au travail, doit-on être fraternel ? Peut-on être fraternel ? Voici quelques pistes de lectures pour favoriser les éclairages et la réflexion …
Une approche anthropologique
« La fraternité désigne le lien de parenté entre frères et sœurs d’une même famille, et par extension un sentiment de proximité unissant les membres d’une communauté quand ils partagent les mêmes convictions, les mêmes luttes.
Elle s’expérimente sur le front, dans des situations de combat ou de détresse, quand il faut se serrer les coudes et faire face ensemble, parce que l’on ne peut vaincre ou simplement survivre seul.
Dans la Déclaration universelle des Droits de l’homme, la fraternité renvoie à un état d’esprit essentiel qui rassemble les hommes par-delà leurs différences et transcende toutes les communautés particulières : « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir envers les autres dans un esprit de fraternité. » (Art. 1)
Troisième pilier de la devise républicaine, la fraternité n’est pas un droit qui se revendique ou se réclame comme la liberté et l’égalité. Elle est un esprit, une force spirituelle qui déplace les frontières entre les hommes et dont les origines sont d’abord bibliques. « Qu’as-tu fait de ton frère ? », demande Dieu en condamnant les rivalités fratricides qui menacent tout lien fraternel. Car la jalousie hante les fraternités, comme l’angoisse d’être moins aimé, moins reconnu. « Qui est ma mère, qui sont mes frères ? », interroge Jésus soucieux de libérer la fraternité des étroitesses de son approche clanique.
Il est en effet des fratries et des communautés qui sont très peu fraternelles quand on n’en fait pas partie. Que signifie donc cet esprit de fraternité ? Quel rôle peut-il jouer dans la vie politique et morale, en dehors d’un contexte de guerre ? »
Une brève histoire pour continuer…
« Sur un sentier raide et pierreux, j’ai rencontré une petite fille qui portait sur le dos son jeune frère. « Mon enfant, lui dis-je, tu portes un lourd fardeau« . Elle me regarda et dit : » Ce n’est pas un fardeau, c’est mon frère ! « . Je restais interdit. Le mot de cet enfant s’est gravé dans mon cœur. Et quand la peine des hommes m’accable, que tout courage me quitte, le mot de l’enfant me rappelle : « Ce n’est pas un fardeau que tu portes, c’est ton frère ! »
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Des citations pour repères
« La fraternité a pour résultat de diminuer les inégalités tout en préservant ce qui est précieux dans la différence. »
Albert Jacquard – 1925-2013 – Petite philosophie à l’usage des non-philosophes – 1997
« Il s’agit de faire quelque chose nous-même sans opposer les pragmatiques aux doux rêveurs. Il faut dépasser les absolus des communautarismes. La fraternité est nécessairement ouverte, elle est relationnelle. Il n’y a relation que lorsqu’il y a un épanouissement réciproque : on a le souci de l’autre et l’autre a le souci de nous. »
Patrick CHAMOISEAU, 2018.
« La fraternité, c’est ce qui transforme une détresse en projet, une humiliation en fierté.
C’est un retournement de détresses dans une action commune. Le groupe n’est pas une réalité physique ; c’est un certain rapport pratique des hommes à un objectif.
La fraternité, ce n’est pas la famille naturelle. C’est la famille d’élection. Non pas l’hérédité, mais l’héritage choisi. Et donc la main tendue à l’inconnu, au risque de sa propre vie. »
Régis DEBRAY, 2009